« L’élection présidentielle américaine pourrait remettre en jeu le système d’alliances qui prévaut depuis la seconde guerre mondiale »

Le 75e sommet de l’OTAN, qui s’est tenu à Washington en juillet, a mis en lumière l’interconnexion entre les théâtres euro-atlantique et indo-pacifique. La déclaration publiée à l’issue du sommet mentionne ainsi la République populaire de Chine à deux reprises, indiquant qu’elle « affiche des ambitions et mène des politiques coercitives qui demeurent contraires à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs ». Elle met aussi en évidence l’approfondissement des liens entre la Russie et la Chine, que l’Europe considère désormais comme une menace pour sa sécurité.
Alors que l’élection présidentielle américaine de 2024 approche, il apparaît clairement que les deux candidats, Donald Trump et Kamala Harris, ont des points de vue opposés sur les alliances des Etats-Unis.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, a été un choc pour l’OTAN et a démontré la pertinence de l’alliance atlantique au XXIe siècle. Le renforcement de la coopération entre les alliés et la coordination sans précédent avec l’Union européenne furent inattendus. Néanmoins, vu de Washington, les Etats-Unis considèrent la Chine comme leur défi au long cours et cherchent donc à faire de l’OTAN l’une des plateformes de coordination avec leurs alliés vis-à-vis de Pékin ; avec des réactions mitigées, notamment de la part de la France.
Entre la fondation de l’OTAN en 1949 et l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, l’organisation a traversé trois phases : la guerre froide – avec ses crises en dents de scie –, un moment post-guerre froide – avec l’espoir d’une Europe enfin libre – et enfin la phase post-post-guerre froide – avec la montée en puissance d’une Russie révisionniste. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait entrer l’alliance dans une quatrième phase : la volonté réaffirmée de défendre l’espace euroatlantique, qui s’accompagne de la difficulté, pour les Etats-Unis, à faire face à deux adversaires : la Russie et la Chine, dont la convergence stratégique renverse l’équilibre mondial actuel.
Le 4 février 2022, quelques jours avant l’invasion de l’Ukraine, les présidents chinois, Xi Jinping, et russe, Vladimir Poutine, se sont réunis à Pékin. Les deux leaders ont affirmé leur souhait de contrer l’influence des Etats-Unis et ont affirmé qu’aucun domaine de coopération ne serait exclu. La réunion et la déclaration qui s’en sont suivies ont stupéfié l’Europe et les Etats-Unis. Depuis lors, Américains et Européens ont mis en garde Pékin contre les risques de soutenir la Russie. En vain.
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